jeudi 12 novembre 2009

#006

Chapitre Cinquième : Un petit détour qui rallongea de beaucoup trop le chemin

Au sortir de la grotte, les trois compagnons longèrent le côte. G'hor avait dit qu'il était plus facile de se diriger comme ça, et puis ce n'était un lieu très fréquenté. Car la côte Nord de Magmäar, qui longeait tout le Nord de la partie Ouest des Terres Primitives était une immense falaise, la falaise de Rohun. Un moindre pas trop de côté et c'était le plongeon assuré, suivit par une mort violente, le corps déchiqueté par les rochers, et pour les rares chanceux qui seraient plongé dans l'eau sans heurter des caillasses seraient sans aucun doute dévorés par les étranges créatures marines qui peuplent ce coin-là.
Le soleil commençait à descendre dans le ciel, et ils purent tout trois observer un splendide coucher de soleil. Le ciel d'un bleu sombre se zébrait d'éclats orangés et violacés. Dans la douce obscurité du crépuscule, le groupe s'arrêta à l'ombre d'un cèdre. Enfin, à l'ombre d'un cèdre et de G'hor. Le froid de la nuit commença tout doucement à se faire sentir. Il faisait froid dans le Nord du pays.
Le géant déposa son sac, et Yusil en sorti une immense couverture.
"Vient." dit-il à l'attention de Jhoana en pointant ledit sac. La jeune fille le vit disparaître à l'intérieur, emitouflé dans un bout de couverture -le reste trainant derrière lui.
Jhoana s'approcha de G'hor qui s'était allongé dans l'herbe -même s'il n'y faisait pas plus attention que ça, pour lui, c'était juste vert. Il s'était placé de telle sorte que le feuillage de l'arbre cache la lueur de la lune qui grimpait dans le ciel.
"Dis, tu n'as pas froid ?" demanda-t-elle en commençant à grelotter.
"Les géants ont la peau dure. Une bone épaisseur de peau même. Le froid ne me fait ni chaud ni froid."
Il accompagna cette réplique d'un petit rire niais.
"Oh... Et bien... Bonne nuit."
"Que le Grand Rêveur bénisse ta nuit."
"Hein ?"
"C'est comme ça qu'on dit de part chez moi."
"Oh... Et bien... Merci, toi aussi."
Elle jeta un dernier coup d'oeil en direction du gigantisime avant d'aller à son tour dans le sac rejoindre Yusil. Elle s'enroula dans un bout de couverture. Elle était chaude. Une chaleur agréable, douce. Elle essaya de dormir.

Dans son rêve, elle avait vu des moutons. Et une grande montagne au pic pointu. Elle avait vu une grande lueur rougeoyante. Elle avait entendu une musique perçante.
Mais à son réveil, elle n'en avait aucun souvenir.

Loin de là, très très loin de là, même, dans une contrée si lointaine qu'elle en était inconnue du monde, Monsieur Jackenwells se demandait s'il allait prendre de la confiture d'orange ou de mûres pour mettre sur son toast grillé ce matin.
Mais cet évènement n'a absolument rien à voir avec notre histoire.

Au plus loin qu'elle puisse remonter dans ses souvenirs, Jhoana Fort avait toujours eut beaucoup de chance. Une chance comment c'est pas permis d'en avoir. Mais le fait était là, et elle devait vivre avec.
A leur réveil, les trois compères se sont retrouvés entourés par la garde magmäarienne qui avait du les chercher toute la nuit durant et les avait finalement retrouvés. Mais par un coup de bol incroyable, G'hor trébucha sans le vouloir, tomba sur l'arbre qui écrasa deux gardes et un mage, qui rata son sort et gela trois autres gardes, que deux autres gardes percutèrent sans le vouloir, tandis que les deux derniers reculèrent de surprise et passèrent par dessus la falaise de Rohun.
Jhoana avait toujours eut beaucoup de chance.

Lorsqu'ils arrivèrent aux cascades du Péril, G'hor déclara que finalement, ce n'avait peut-être pas été une si bonne idée de passer à Dankur avant d'aller à Sto'tiel. Les larges cinq bras émanant du lac de Dankur se jetaient inlassablement par dessus la falaise de Rohun, formant les très célèbres et dangereuses cascades du Péril. Et honnêtement, c'était cinq putains de torrents de sa mère. Et G'hor se dit que ça allait être vraiment sa mère galère de traverser tout ça. Et il n'avait pas envie de faire encore un détour pour contourner le lac de Dankur et passer à un endroit plus calme. Il lui fallait donc traverser...
On raconte que les cinq bras du lac de Dankur seraient la marque de la main du créateur lorsqu'il se serait posé sur le Monde. G'hor affirme qu'il s'agissait juste d'une érosion de sa mère, renforcé par un dénivelé important, et que des torrents de sa mère comme ça, on n'en faisait plus. Et encore heureux.
Avant de commencer sa traversée, il expliqua aux deux zigotos qui l'accompagnait de rester bien au chaud dans son sac à dos, parce que ça allait être un voyage assez mouvementé. Les deux n'eurent même pas le temps de comprendre que G'hor les avaient déjà enfermés dedans. Et ils n'avaient pas à se plaindre, ils étaient au chaud et au sec !
Le géant avait à présent deux possibilités. Soit il prenait beaucoup d'élan et sautait par-dessus chaques torrents, soit il y allait à pieds. Il opta tout d'abord pour la première solution, pour tester. Il recula de six pas, puis, prit son élan, se mit à courir, se lancer et bondit par dessus le premier torrent... et atteri en presque de l'autre côté, mais pas entièrement. Il planta profondément quatre des cinq doigts de sa main droite dans la terre, sentant le torrent l'entrainer vers la cascade, et avec un effort de géant, parvint à se hisser sur le bord.
"Hé ! Mais c'est quoi ce bazar !?" hurla le voix étouffée de Yusil au travers de la toile du sac de G'hor.
"Tinquiète pas, je gère." répondit-il, confiant.
Il décida de continuer en marchant. D'autant que le deuxième torrent semblait moins puissant que le second. Il prit appui sur sa jambe gauche, élanca sa jambe droite, et la planta droit dans l'eau à grande vitesse pour ne pas perdre l'équilibre. Il bénit ses bottes en zircuniam qui lui conférait une assise sûre et certaine sur le sol, et avanca, confiant, jusqu'à atteindre le bord du deuxième torrent.
Le prochain semblait aussi puissant que le premier. G'hor hésita. Sautera, sautera pas ? G'hor se dit que sauter ne serait pas une si bonne idée, alors il pencha plus pour y aller à nouveau à pieds. Comme pour le deuxième torrent, il prit appui sur sa jambe gauche et planta la droite dans l'eau glacée du torrent. Il vacilla légèrement, mais pas assez pour le faire tomber. Il continua à avancer, toujours aussi confiant, lorsque soudaincoup son pied glissa. Il tenta de reprendre son équiliber, mais rien à y faire, il se vautra lamentablement dans le torrent qui commença à l'amener vers le bord. Au bout d'un effort surgéant, il réussit à choper un bout de terre et à se hisser sur la berge.
Il toussa, cracha un peu d'eau, et ouvrit son sac.
"Tout va bien les jeunes ?"
"On est trempés, mais à part ça, tout va très bien !" se plaignit Yusil.
"J'ai mangé de l'eau..." commenta Jhoana.
"Bien, je vois que tout va très bien ici." fit G'hor ave cun sourire avant de refermer son sac et le remettre sur son dos.
Le géant regarda les deux derniers torrents. Il lui semblait qu'ils étaient beaucoup plus puissants que les trois autres. Il prit une grande inspiration et se lança. A peine eut-il posé le pied dans l'eau que le torrent l'emporta. Il n'eut même pas le temps de comprendre ce qu'il se passait. Il ne vit que le sol se rapprocher dangereusement vite.

Lorsqu'il se réveilla, il sentit qu'il avait un mal de tête de sa mère. Autour de lui, il y avait Yusil et Jhoana, qui le regardait. Il y avait aussi un mouton. Il se redressa et remarqua qu'il se trouvait de l'autre côté des cinq torrents.
"Ah, enfin il se réveille le paresseux !" s'exclama le lutin.
"Arrêteuh, t'es pas gentil-euh..." répliqua la jeune fille.
"Ouille... J'ai l'impression qu'un camion de trente-six tonnes vient de me rouler dessus..." gémit le gigantisime.
"C'est quoi un camion ?" demanda Jhoana.
"J'en ai absolument aucune idée." répondit G'hor. "Qu'est-ce qu'il s'est passé ?"
"T'es tombé, mais les moutons nous ont sauvé !" fit Jhoana en sautillant.
"Les... moutons..." répéta G'hor.
"Oui, d'ailleurs, je trouve qu'il y a beaucoup de moutons dans le coin, tu trouve pas ?" commenta Yusil.
"Depuis que j'ai écrasé ce camp de gitans, j'en vois partout..."
"Alors toi aussi ? Je croyais que c'était une hallucination à cause d'une racine pas nette que j'avais mangé..."
"Non non, et j'ai l'étrange impression que ces moutons nous aident..."
Tous trois restèrent silencieux à regarder le mouton.
"J'ai envie d'un méchoui." lâcha Yusil.
"On a pas de feu."
"Ah ouais, pas faux... Zut !"
Sur ce, les compagnons se remirent en route, suivit par un mouton.

G'hor se méfiait toujours des mages, et se dit que ce n'avait vraiment pas été une très bonne idée du tout de passer par Dankur avant d'aller Sto'tiel. Leur passage dans la capitale avait sans aucun doute permis à la garde magmäarienne de s'approvisionner en mages plus ou moins puissants. Il en était à ces réflexions pendant que toute une troupe de gardes tentaient de le faire avancer, lui, un géant tout ficelé, tiré sur quelques mètres, pour le ramener à Dankur.
Il n'avait pas vraiment vu toute la scène. Tout ce dont il se souvient, c'est d'un grand éclair bleu venu de nul part, et ensuite... hop. Ficelé, ligotté, comme un saucisson. Et il n'était pas le seul. Il voyait ses deux compagnons d'infortune tout comme lui. Quel manque de bol, tout de même.
Jhoana avait toujours eut beaucoup de chance.

"Bon, vous courez, et surtout, vous ne vous arrêtez pas !" cria G'hor à l'attention du lutin et de la jeune fille.
"Tu peux pas plutôt nous porter ? Ce serait vachement plus simple !" répliqua Yusil.
"Je n'avais pas envisagé cette possibilité.."
G'hor attrapa d'une main le lutin, le posa sur son crâne, chopa ensuite la jeune Jhoana qui placa sur son épaule.
"Accrochez-vous bien, si vous tombez, je ne vous ratraperais pas."
Mais revenons un peu en arrière. Il y a quelques lignes, nos trois héros étaient tous ficelés, ligottés, comme des saucissons, sans aucun moyen de s'échapper. Mais par un coup de bol incroyable, l'un de garde trébucha sur une enclume, ralenti tout le groupe qui l'un après l'autre se vautrèrent, l'un d'entre eux tomba sur un mage qui échappa son bâton magique qui alla percuter de plein fouet un deuxième mage. Au contact, le bâton déclencha une vague de magie qui transforma le malheureux mage en alligator. Sans rien comprendre à son état, et dans son esprit d'alligator qu'il était à présent, ce dernier fonça sur le premier garde venu pour aller le dévorer. Or, il s'agit que c'était ce mage qui maintenait G'hor et l'empêchait de bouger. A présent, le géant pu se libérer de ses liens, bondir sur ses deux jambes et libérer ses camardes. Seulement, il restait encore trois autres mages. Le premier lança un sort sur Yusil, qui se cacha derrière l'enclume. Le sort rebondit alla percuter un autre des mages. Ce dernier rata son sort qui alla embraser un arbre qui tomba tout près de Jhoana. Cette dernière, appeurée, fit un pas de côté et tomba sur l'alligator. Dérangé dans son dîner, ce dernier décida de faire une pause pour grignoter la jeune fille, mais G'hor le plaqua le gator au sol et l'étrangla tout en zieutant autour voir si aucun mage ne pointait le bout d'un sort. L'alligator trépassa tandis que Jhoana sautillait en évitant les sorts du troisième mage. Le géant attrapa ensuite l'enclume, la jeta sur le mage, faucha ensuite le dernier debout, puis récupéra l'enclume avant de s'enfuir vers ce qui lui semblait être l'Est, Yusil et Jhoana à ses trousses.
"Pourquoi tu as gardé l'enclume ?" demande la jeune fille.
"Aucune idée. Elle pourrait sans doute servir."
"Servir à quoi ?"
"Ecraser des gens."
"Ah oui, tiens..."
Et le groupe s'évanouit à l'horizon...