mercredi 2 novembre 2011

#000

Prologue ou la fille qui avait un soleil dans la tête


Elle jeta un coup d’oeil au nombre qui s’affichait sur le radiateur et y lu vingt-huit. En frissonnant, elle s’enroula un peu plus dans sa couverture, et se leva. Le radiateur était chaud bouillant. Assise à son bureau, elle n’en était pourtant qu’à un mètre à peine, et ne comprenait pas comment la chaleur faisait pour se perdre ainsi en route. Elle ne chercha pas vraiment plus loin. Elle laissa ses mains un instant sur l’engin brûlant, puis y colla son dos, se laissant glisser au sol. La chaleur irradiait petit à petit dans tout son corps.
Elle se laissa aller au vague, et son regard se perdit au loin. Les murs de son bureau éclataient, et autour d’elle, il n’y avait plus que de grands nuages rougeâtres ; le plafond était devenu un immense ciel orangé.
Elle ferma les yeux, perdit les formes, mais garda les couleurs. Elle en avait plein la tête, des couleurs. Des feux d’artifice, des arcs-en-ciel, des pastels. Une musique montait comme à ses oreilles. Quelque chose de fort et de puissant. Dans sa tête, il y avait un véritable opéra. Du son, des lumières, du drame. Son petit théâtre à elle. Des heures durant elle pouvait y rester, lorsque l’envie lui prenait, et elle s’inventait ses histoires.

Quand elle se réveilla, elle mourrait de chaud. Elle se leva avec difficulté, encore toute engourdie, et chercha a tâtons le bouton pour éteindre le radiateur. Après trois pas, elle lâcha la couverture qui s’étala sur le sol, et regarda autour d’elle. Sa vision était encore trouble, mais elle savait qu’elle était toujours dans son bureau. A l’aveuglette, elle tituba vers son fauteuil et y plongea. Elle avait mal au derrière et en déduit qu’elle avait du rester là toute la nuit. Son esprit était tout embrouillé, et il lui fallait de longues minutes pour qu’elle se remette en phase avec la réalité.
Un rayon de soleil perçant au travers du volet fermé vint se cogner contre sa rétine, et elle ne put s’empêcher de fermer à nouveau les yeux, qu’elle rouvrit un court instant plus tard. Elle sentait la chaleur du soleil lui brûler l’oeil, mais ne bougeait pas. Il lui semblait que rien n’avait plus d’importance que le soleil en ce moment précis.
Lorsqu’elle se leva enfin, elle appuya sur l’interrupteur pour éteindre la lumière qui avait grillé toute la nuit, puis se tourna vers la fenêtre. Elle l’ouvrit, débarrassant la pièce de la chaleur étouffante qui y régnait ; et d’un geste qui lui semblait sur l’instant d’une importance capitale, elle ouvrit les volets. Les rayons du soleil pénétrèrent comme de joyeux serpentins de lumière, et une chorale majestueuse s’anima sous son crâne ; tout un orchestre invisible lui jouait les Gitanerias avec une force magistrale, et les violons s’accordaient à merveille aux sons andalous que lui portait l’astre solaire. Elle se sentait emportée dans une danse divine qui la conduirait jusqu’aux cieux, et elle danserait avec Hélios jusqu’à ce que le monde ne soit plus. Elle sentait le moindre poil de son corps s’hérisser alors que la chaleur l’entourait ; elle portait un manteau de coton brûlant. Elle voulait retrouver cet astre qui l’appelait à lui.
Dans un soubresaut d’exaltation, elle enjamba le rebord de la fenêtre pour s’y asseoir, et se retrouva les jambes ballantes dans le vide. Les bras en arrière, elle donna son visage au soleil pour qu’il y grave sa marque. Elle s’abandonna à cette ivresse ardente qui lui brûlait les yeux. Elle ne se rendit pas compte que les larmes lui coulait le long des joues, tant son émerveillement était à son paroxysme ; elle ne se rendit même pas compte qu’elle se levait du rebord de la fenêtre pour attraper le soleil et le serrer dans ses bras. Elle avait l’impression de s’envoler vers lui, tendant ses bras le plus loin qu’elle le put, dans une extase embrasée, ne supportant pas de le voir filer sous ses doigts.

Elle ne se rendit pas non plus compte qu’elle venait de sauter du huitième étage.

Elle vivait dans un monde de couleurs. Elle vivait dans un monde de chaleur.
Désormais, elle dansait éternellement avec le soleil.
Séléna et Hélios réunit.

NaNoWriMo 2011 - Let's begin

L'année dernière, j'avais tenté mais n'avait qu'à peine écrit trois paragraphes.
Je retente donc cette année, avec la publication chapitre par chapitre de mon nano !

Bonne lecture !

mardi 1 décembre 2009

That's the end

Eh bien voilà, c'est la fin du nano, et je ne fais pas partie des gagnants. Je retenterais ma chance l'année prochaine...
Pour ce qui est de l'histoire déjà entamée, j'essayerais quand même de le finir (surtout que j'avais eut une trop bonne idée ! Enfin, presque...).
Enfin, j'espère quand même que ce début vous a plu et que vous m'en voulez pas trop de n'avoir pas écrit encore la suite 'x)

jeudi 12 novembre 2009

#006

Chapitre Cinquième : Un petit détour qui rallongea de beaucoup trop le chemin

Au sortir de la grotte, les trois compagnons longèrent le côte. G'hor avait dit qu'il était plus facile de se diriger comme ça, et puis ce n'était un lieu très fréquenté. Car la côte Nord de Magmäar, qui longeait tout le Nord de la partie Ouest des Terres Primitives était une immense falaise, la falaise de Rohun. Un moindre pas trop de côté et c'était le plongeon assuré, suivit par une mort violente, le corps déchiqueté par les rochers, et pour les rares chanceux qui seraient plongé dans l'eau sans heurter des caillasses seraient sans aucun doute dévorés par les étranges créatures marines qui peuplent ce coin-là.
Le soleil commençait à descendre dans le ciel, et ils purent tout trois observer un splendide coucher de soleil. Le ciel d'un bleu sombre se zébrait d'éclats orangés et violacés. Dans la douce obscurité du crépuscule, le groupe s'arrêta à l'ombre d'un cèdre. Enfin, à l'ombre d'un cèdre et de G'hor. Le froid de la nuit commença tout doucement à se faire sentir. Il faisait froid dans le Nord du pays.
Le géant déposa son sac, et Yusil en sorti une immense couverture.
"Vient." dit-il à l'attention de Jhoana en pointant ledit sac. La jeune fille le vit disparaître à l'intérieur, emitouflé dans un bout de couverture -le reste trainant derrière lui.
Jhoana s'approcha de G'hor qui s'était allongé dans l'herbe -même s'il n'y faisait pas plus attention que ça, pour lui, c'était juste vert. Il s'était placé de telle sorte que le feuillage de l'arbre cache la lueur de la lune qui grimpait dans le ciel.
"Dis, tu n'as pas froid ?" demanda-t-elle en commençant à grelotter.
"Les géants ont la peau dure. Une bone épaisseur de peau même. Le froid ne me fait ni chaud ni froid."
Il accompagna cette réplique d'un petit rire niais.
"Oh... Et bien... Bonne nuit."
"Que le Grand Rêveur bénisse ta nuit."
"Hein ?"
"C'est comme ça qu'on dit de part chez moi."
"Oh... Et bien... Merci, toi aussi."
Elle jeta un dernier coup d'oeil en direction du gigantisime avant d'aller à son tour dans le sac rejoindre Yusil. Elle s'enroula dans un bout de couverture. Elle était chaude. Une chaleur agréable, douce. Elle essaya de dormir.

Dans son rêve, elle avait vu des moutons. Et une grande montagne au pic pointu. Elle avait vu une grande lueur rougeoyante. Elle avait entendu une musique perçante.
Mais à son réveil, elle n'en avait aucun souvenir.

Loin de là, très très loin de là, même, dans une contrée si lointaine qu'elle en était inconnue du monde, Monsieur Jackenwells se demandait s'il allait prendre de la confiture d'orange ou de mûres pour mettre sur son toast grillé ce matin.
Mais cet évènement n'a absolument rien à voir avec notre histoire.

Au plus loin qu'elle puisse remonter dans ses souvenirs, Jhoana Fort avait toujours eut beaucoup de chance. Une chance comment c'est pas permis d'en avoir. Mais le fait était là, et elle devait vivre avec.
A leur réveil, les trois compères se sont retrouvés entourés par la garde magmäarienne qui avait du les chercher toute la nuit durant et les avait finalement retrouvés. Mais par un coup de bol incroyable, G'hor trébucha sans le vouloir, tomba sur l'arbre qui écrasa deux gardes et un mage, qui rata son sort et gela trois autres gardes, que deux autres gardes percutèrent sans le vouloir, tandis que les deux derniers reculèrent de surprise et passèrent par dessus la falaise de Rohun.
Jhoana avait toujours eut beaucoup de chance.

Lorsqu'ils arrivèrent aux cascades du Péril, G'hor déclara que finalement, ce n'avait peut-être pas été une si bonne idée de passer à Dankur avant d'aller à Sto'tiel. Les larges cinq bras émanant du lac de Dankur se jetaient inlassablement par dessus la falaise de Rohun, formant les très célèbres et dangereuses cascades du Péril. Et honnêtement, c'était cinq putains de torrents de sa mère. Et G'hor se dit que ça allait être vraiment sa mère galère de traverser tout ça. Et il n'avait pas envie de faire encore un détour pour contourner le lac de Dankur et passer à un endroit plus calme. Il lui fallait donc traverser...
On raconte que les cinq bras du lac de Dankur seraient la marque de la main du créateur lorsqu'il se serait posé sur le Monde. G'hor affirme qu'il s'agissait juste d'une érosion de sa mère, renforcé par un dénivelé important, et que des torrents de sa mère comme ça, on n'en faisait plus. Et encore heureux.
Avant de commencer sa traversée, il expliqua aux deux zigotos qui l'accompagnait de rester bien au chaud dans son sac à dos, parce que ça allait être un voyage assez mouvementé. Les deux n'eurent même pas le temps de comprendre que G'hor les avaient déjà enfermés dedans. Et ils n'avaient pas à se plaindre, ils étaient au chaud et au sec !
Le géant avait à présent deux possibilités. Soit il prenait beaucoup d'élan et sautait par-dessus chaques torrents, soit il y allait à pieds. Il opta tout d'abord pour la première solution, pour tester. Il recula de six pas, puis, prit son élan, se mit à courir, se lancer et bondit par dessus le premier torrent... et atteri en presque de l'autre côté, mais pas entièrement. Il planta profondément quatre des cinq doigts de sa main droite dans la terre, sentant le torrent l'entrainer vers la cascade, et avec un effort de géant, parvint à se hisser sur le bord.
"Hé ! Mais c'est quoi ce bazar !?" hurla le voix étouffée de Yusil au travers de la toile du sac de G'hor.
"Tinquiète pas, je gère." répondit-il, confiant.
Il décida de continuer en marchant. D'autant que le deuxième torrent semblait moins puissant que le second. Il prit appui sur sa jambe gauche, élanca sa jambe droite, et la planta droit dans l'eau à grande vitesse pour ne pas perdre l'équilibre. Il bénit ses bottes en zircuniam qui lui conférait une assise sûre et certaine sur le sol, et avanca, confiant, jusqu'à atteindre le bord du deuxième torrent.
Le prochain semblait aussi puissant que le premier. G'hor hésita. Sautera, sautera pas ? G'hor se dit que sauter ne serait pas une si bonne idée, alors il pencha plus pour y aller à nouveau à pieds. Comme pour le deuxième torrent, il prit appui sur sa jambe gauche et planta la droite dans l'eau glacée du torrent. Il vacilla légèrement, mais pas assez pour le faire tomber. Il continua à avancer, toujours aussi confiant, lorsque soudaincoup son pied glissa. Il tenta de reprendre son équiliber, mais rien à y faire, il se vautra lamentablement dans le torrent qui commença à l'amener vers le bord. Au bout d'un effort surgéant, il réussit à choper un bout de terre et à se hisser sur la berge.
Il toussa, cracha un peu d'eau, et ouvrit son sac.
"Tout va bien les jeunes ?"
"On est trempés, mais à part ça, tout va très bien !" se plaignit Yusil.
"J'ai mangé de l'eau..." commenta Jhoana.
"Bien, je vois que tout va très bien ici." fit G'hor ave cun sourire avant de refermer son sac et le remettre sur son dos.
Le géant regarda les deux derniers torrents. Il lui semblait qu'ils étaient beaucoup plus puissants que les trois autres. Il prit une grande inspiration et se lança. A peine eut-il posé le pied dans l'eau que le torrent l'emporta. Il n'eut même pas le temps de comprendre ce qu'il se passait. Il ne vit que le sol se rapprocher dangereusement vite.

Lorsqu'il se réveilla, il sentit qu'il avait un mal de tête de sa mère. Autour de lui, il y avait Yusil et Jhoana, qui le regardait. Il y avait aussi un mouton. Il se redressa et remarqua qu'il se trouvait de l'autre côté des cinq torrents.
"Ah, enfin il se réveille le paresseux !" s'exclama le lutin.
"Arrêteuh, t'es pas gentil-euh..." répliqua la jeune fille.
"Ouille... J'ai l'impression qu'un camion de trente-six tonnes vient de me rouler dessus..." gémit le gigantisime.
"C'est quoi un camion ?" demanda Jhoana.
"J'en ai absolument aucune idée." répondit G'hor. "Qu'est-ce qu'il s'est passé ?"
"T'es tombé, mais les moutons nous ont sauvé !" fit Jhoana en sautillant.
"Les... moutons..." répéta G'hor.
"Oui, d'ailleurs, je trouve qu'il y a beaucoup de moutons dans le coin, tu trouve pas ?" commenta Yusil.
"Depuis que j'ai écrasé ce camp de gitans, j'en vois partout..."
"Alors toi aussi ? Je croyais que c'était une hallucination à cause d'une racine pas nette que j'avais mangé..."
"Non non, et j'ai l'étrange impression que ces moutons nous aident..."
Tous trois restèrent silencieux à regarder le mouton.
"J'ai envie d'un méchoui." lâcha Yusil.
"On a pas de feu."
"Ah ouais, pas faux... Zut !"
Sur ce, les compagnons se remirent en route, suivit par un mouton.

G'hor se méfiait toujours des mages, et se dit que ce n'avait vraiment pas été une très bonne idée du tout de passer par Dankur avant d'aller Sto'tiel. Leur passage dans la capitale avait sans aucun doute permis à la garde magmäarienne de s'approvisionner en mages plus ou moins puissants. Il en était à ces réflexions pendant que toute une troupe de gardes tentaient de le faire avancer, lui, un géant tout ficelé, tiré sur quelques mètres, pour le ramener à Dankur.
Il n'avait pas vraiment vu toute la scène. Tout ce dont il se souvient, c'est d'un grand éclair bleu venu de nul part, et ensuite... hop. Ficelé, ligotté, comme un saucisson. Et il n'était pas le seul. Il voyait ses deux compagnons d'infortune tout comme lui. Quel manque de bol, tout de même.
Jhoana avait toujours eut beaucoup de chance.

"Bon, vous courez, et surtout, vous ne vous arrêtez pas !" cria G'hor à l'attention du lutin et de la jeune fille.
"Tu peux pas plutôt nous porter ? Ce serait vachement plus simple !" répliqua Yusil.
"Je n'avais pas envisagé cette possibilité.."
G'hor attrapa d'une main le lutin, le posa sur son crâne, chopa ensuite la jeune Jhoana qui placa sur son épaule.
"Accrochez-vous bien, si vous tombez, je ne vous ratraperais pas."
Mais revenons un peu en arrière. Il y a quelques lignes, nos trois héros étaient tous ficelés, ligottés, comme des saucissons, sans aucun moyen de s'échapper. Mais par un coup de bol incroyable, l'un de garde trébucha sur une enclume, ralenti tout le groupe qui l'un après l'autre se vautrèrent, l'un d'entre eux tomba sur un mage qui échappa son bâton magique qui alla percuter de plein fouet un deuxième mage. Au contact, le bâton déclencha une vague de magie qui transforma le malheureux mage en alligator. Sans rien comprendre à son état, et dans son esprit d'alligator qu'il était à présent, ce dernier fonça sur le premier garde venu pour aller le dévorer. Or, il s'agit que c'était ce mage qui maintenait G'hor et l'empêchait de bouger. A présent, le géant pu se libérer de ses liens, bondir sur ses deux jambes et libérer ses camardes. Seulement, il restait encore trois autres mages. Le premier lança un sort sur Yusil, qui se cacha derrière l'enclume. Le sort rebondit alla percuter un autre des mages. Ce dernier rata son sort qui alla embraser un arbre qui tomba tout près de Jhoana. Cette dernière, appeurée, fit un pas de côté et tomba sur l'alligator. Dérangé dans son dîner, ce dernier décida de faire une pause pour grignoter la jeune fille, mais G'hor le plaqua le gator au sol et l'étrangla tout en zieutant autour voir si aucun mage ne pointait le bout d'un sort. L'alligator trépassa tandis que Jhoana sautillait en évitant les sorts du troisième mage. Le géant attrapa ensuite l'enclume, la jeta sur le mage, faucha ensuite le dernier debout, puis récupéra l'enclume avant de s'enfuir vers ce qui lui semblait être l'Est, Yusil et Jhoana à ses trousses.
"Pourquoi tu as gardé l'enclume ?" demande la jeune fille.
"Aucune idée. Elle pourrait sans doute servir."
"Servir à quoi ?"
"Ecraser des gens."
"Ah oui, tiens..."
Et le groupe s'évanouit à l'horizon...

lundi 9 novembre 2009

#005

Chapitre Quatrième : Retour en arrière sur des évènements antérieurs, où l'on voit l'arrivée grandiloquente d'un lutin et d'un géant

G'hor avait toujours voulu voyager. Habitant la cuvette qui consitute le territoire des géants, il n'avait jamais eut la possibilité de voyager au delà des mers. Certes, il avait déjà pu aller dans les montagnes rocheuses de Zersal, que les magmäariens appellent à tort "le Royaume des Nains", même s'il est vrai que les nains y vivent, mais c'était si différent que ce que signifiait pour lui "voyager". Même lorsqu'il fit un petit tour en Aapie, il ne fut pas satisfait. En plus, les aapiens n'aiment pas trop que les géants viennent faire un tour chez eux. Ils disent qu'ils prennent trop de place.
Un jour, son ami Glaarg, un nain pas comme les autres, un nain qui avait beaucoup voyagé et fait le tour du Monde, lui ramena un artefact magique qu'il avait trouvé à Dankur dans un marché aux puces.
"Tiens, petit, prends ça. Avec, tu vas pouvoir voyager jusqu'aux Terres Primitives si tu as envie !"
"Mais... qu'est-ce que c'est ?"
"Un anneau magique. Avec lui, tu vas pouvoir traverser l'Océan Supérieur."
"Comment ça ?"
"Cet anneau, il va te permettre de flotter. Et même si tu coules, tant que tu l'auras sur toi, tu respireras sous l'eau."
"Mais, il est trop petit pour mes doigts."
"C'est pour ça que j'ai décider de te le greffer dans un dent."
"Hein ?"
Et après une longue opération douloureuse, le jeune G'hor se retrouva avec un anneau magique dans une dent. La prémolaire du haut à gauche plus exactement.

Ce fut le plus beau moment de sa vie. Il put enfin quitter cet endroit étouffant qu'est le pays des géants. Il traversa l'Océan Supérieur à la nage. Ce fut un dur et épuisant périple, mais il en valait tellement la peine. Il se nourrissait avec les crocodiles et les albatros qu'il capturait à mains nues, même s'il se posait de sérieuses questions, à commencer par "Qu'est-ce que font des crocodiles au beau milieu de l'Océan Supérieur ?". Il dormait en se faisant bercer par les vagues, partant à la dérive, l'éloignant de son chemin, mais il arrivait à se repérer grâce aux étoiles. Après un mois de nage ardue, G'hor atteint finalement la mystérieuse île de Puissance.
L'île était coupée en deux. Enfin, au sens figuré bien sûr. La moitié Ouest était un territoire éloigné d'Aapie, appelé Urebli ; la moitié Est était une colonie magmäarienne.
Tout grelottant, le géant fut trouvé gisant sur une plage. Certains aapiens le prirent pour une baleine échouée. Le Patriarche de Urebli, Urkn, décida de s'en occuper. C'était déjà si incroyable qu'un géant vienne jusqu'ici ! Il prit soin de lui, concocta de nombreux soins aux herbes pour soigner le rhume et la conjonctivite qu'il avait attrapé, lui confectiona des vêtements plus chaud en attendant que les siens soient secs -car vu la taille, il faut bien attendre deux jours avant que toute l'eau se soit évaporée.
Il resta au total deux semaines à Bylip. Avant de reprendre son chemin à la nage, vers Magmäar, la métropole, un lutin aapien vint le voir et lui demander s'il pouvait l'accompagner. G'hor en fut intrigué, et le lutin lui expliqua.

Les magmäariens n'aiment pas les aapiens. Premièrement parce qu'ils sont une nation pacifiste où l'entraide est le mode de vie. Deuxièmement, mais principalement parce qu'ils se sont installé sur la moitié de l'île de Puissance.
Pendant que Môsieur le gouverneur faisait la guerre aux elfes, les aapiens, eux, envoyaient des navires pour aller découvrir le Monde, là-bas, plus loin. Est-ce qu'il y avait un Bord ? C'est à cette époque là qu'un navire aapien accosta sur Puissance. Les gens les accueillirent comme il se doit, et il finirent par se fondre dans la population.
Lorsque Môsieur le gouverneur s'intéressa à ses propres conquêtes après avoir été repoussé par les elfes, il ne supporta pas voir ce peuple indigène se mêler aux magmäariens. Il ordonna donc aux citoyens de Puissance de les chasser. Or, l'île fut divisée en deux -toujours pas au sens propre, quand même ! Lorsque la Guerre Civile se déclencha, de nombreux magmäariens luttèrent aux côtés des aapiens.
Au final, l'île fut partagée en deux -mais arrêtez de penser qu'elle a littéralement été coupée voyons ! Les aapiens d'un côté, les magmäariens de l'autre.
Depuis ce jour, tout aapien est interdit sur le territoire magmäarien. Toute infraction à cette règle est désormais considérée comme un crime de classe A.

G'hor accepta malgré tout d'amener le lutin de l'autre côté de l'eau, l'amener sur les Terres Primitives, l'amener à Magmäar, l'amaner à la Métropole.
La raison pour laquelle Yusil voulait passer de l'autre côté était assez complexe. Son désir était d'aller libérer un de ses frères capturé il y a peu alors qu'il s'était aventuré un peu trop loin dans Puissance, si loin qu'il était passé en territoire magmäarien. Il avait appris qu'il n'avait pas été tué, mais qu'un noble de Sto'tiel avait trouvé cela intéressant d'avoir un lutin à la peau mate en servant.
Yusil avait donc un seul but : aller récupérer son frère à Sto'tiel. Quitte à tuer tous ceux qui seraient sur son passage.
G'hor lui assura qu'il l'aiderait dans sa quête.

C'est ainsi que le duo de choc, G'hor le géant et Yusil le lutin, prirent la mer à la nage pour traverser la Mer Primitive.

L'arrivée sur les côtes de Magmäar fut assez facile. Il y avait certes de nombreux gardes disséminés tout le long du continent, mais face à un homme d'une telle envergure, ils ne lui demandèrent pas s'il était en règle. Même si ce n'était pas le cas, ils n'auraient pu rien faire. Il allait donc de soi qu'il était absolument, clairement, complètement et évidement en régle.
Le voyage vers le Nord, en direction de Dankur -car G'hor avait prévenu Yusil qu'il voulait absolument passer par Dankur avant d'aller à Sto'tiel- commença sans encombres. Ils évitèrent avec Brio -une semi-mouette sympathique qui les accompagna jusqu'à Dankur- les axes principaux, les grandes villes et les villages, et le gigantisime n'écrasa personne.
Mais tout commença à se compliquer lorsqu'ils eurent passé les deux Monts Théophiléen et Théophiléanne. Le premier évènement qui déclencha tout, fut sans doute lorsque G'hor écrasa par mégarde un camp de gitans qu'il n'avait pas vu à cause de "ce satané brouillard qui pique les yeux et qu'on y voit rien dedans" comme il avait dit. Les gens partirent en courant. Il vit même un mouton. Ce fut le premier, il y en a eut tant d'autres. Les embrouilles se succédèrent ensuite à une cadence effrayante, surtout qu'il était acquis que Yusil avait été reconnu comme étant un lutin d'Aapie et non des Terres Désertes. Le duo fut obligé de couper au travers de la montagne de Jilhic pour échapper à leurs poursuivants. G'hor n'était pas particulièrement terrifié, mais il avait eut la sagesse de remarquer qu'il y avait des mages parmis les gardes de la région d'Ecepie. Et G'hor savait qu'un mage, même s'il est vingt fois plus petit que son adversaire, peut lui faire cent fois plus mal. Enfin, si c'est un bon mage. Et ça, on ne peut le vérifier que lorsqu'on l'a en face de lui, et en règle générale, il est déjà trop tard. G'hor se méfiait donc des mages.
Après avoir franchi les montagnes de Jilhic, le chemin fut plus calme, ponctué par des bêlements ici et là. Alors enfin, ils arrivèrent à Dankur.

#004

Chapitre Troisième : Où l'on découvre ce qu'il va peut-être se passer. Ou pas.

Yusil tournait autour de la jeune femme depuis un bon bout de temps quand G'hor lui demanda d'arrêter parce que ça lui donnait le tournis.
"Diiiis... Pourquoi tu es tout bronzé comme çaaaaa ?" demanda Jhoana avec candeur au lutin.
"Je ne suis pas bronzé je suis mat !"
"Ou brillant." répliqua le géant.
"Pardon ?"
"Oublie."
"Pourquoi t'es maaaat ?" questionna à nouveau Jhoana.
"PARCE QUE !"
"T'énerves pas, c'est qu'une gosse."
"Hé ! J'ai 21 ans !" s'exclama la jeune fille.
"Ah quand même ?" s'étonna G'hor.
Yusil poussa un long soupir pas discret d'un grain.
"Diiiis... Pourquoi t'es parti en courant comme çaaaaa ?"
"On a les soldats magmäariens aux trousses." répondit G'hor.
La jeune Jhoana resta longtemps silencieuse à réfléchir à tout ça. Que se passe-t-il donc dans son cerveau ? Sans même s'en rendre compte, elle associait les informations entre elles pour trouver des liens logique et comprendre la situation.
Un lutin à la peau mate, donc venait où des Terres Désertes, où d'Aapie... Sans doute le deuxième choix, car le géant vient sans aucun doute des Terres Supérieures, juste à côté de l'Aapie. S'ils sont tous les deux ensembles, c'est logique. Mais ils auraient très bien put se rencontrer une fois à Dankur. Mais le fait qu'ils sont poursuivis s'explique mieux si le lutin venait d'Aapie : tout aapien est interdit sur le territoire magmäarien. Alors c'était sûr, ce devait être ça. On alors ils avaient foutu la merde à Dankur...
Quand elle reprit conscience du monde autour d'elle -car quand elle réfléchit, elle ne voit plus rien autour d'elle- elle se rendit compte qu'elle se trouvait à plusieurs mètres au dessus du sol. Elle avait l'impression de voler. En fait, c'était juste G'hor qui la portait. Il était en train de courir, et Jhoana aperçu le lutin perché sur la tête du gigantisime.
"Pourquoi tu cours ?"
"Ah ton avis, eh banane !" objecta Yusil.
"Où ça ?"
"Que... quoi ?"
"Laisse tomber, Yuyu."
"Arrête de m'appeler comme ça !"
"Je t'appelle comme je veux, oublie pas que je peux te lâcher et te laisser tomber si je le veux."
"Ouais... bon... ça va..."
"Diiiiis..." commença Jhoana à l'attention de Yusil. "C'est parce tu viens d'Aapie que les soldats te courent après ?"
"Mais comment tu sais ça toi ?" s'étonna-t-il.
"Apparement, elle est plus perspicace qu'on le dirait." commenta G'hor.
"Je crois qu'on les a semés mon pote."
"T'es sûr ?"
"Voui." répondit Jhoana. "A plus personne, regardez !"
En quelque sorte, oui, il n'y avait plus personne... La seule chose qu'ils aperçevaient à l'horizon était un troupeau de moutons.

La grotte était sombre et caverneuse, en même temps c'était normal, vu que c'était une caverne. G'hor se sentait un peu à l'étroit et Johana flippait carrément. Seul Yusil était tranquille dans son hamac tendu entre deux stalagmites.
"Il fait beau, non ?" dit-il.
"Il fait noir." répondit G'hor.
"Il fait très peur." ajouta Jhoana.
"Mais noooon."
Un large et gras silence s'installa durant très, très très longtemps. Le plic-ploc régulier des gouttes d'eau rythmait avec fracas ce silence qui commençait sincèrement à devenir pesant et même flippant.
"Au fait, gamine, va falloir qu'on s'explique un peu, parce que là ça va vraiment commencer à être galère pour la suite du programme." déclara G'hor en rompant magistralement le silence. "Alors déjà, comment tu t'appelles ?"
"Déjà, je suis pas une gamine ! J'ai 21 ans !"
"Oui, oui, je sais, je sais, mais encore ?"
"Je fais des études à l'Académie de Loi de Dankur."
"Je te demandais juste ton nom..."
"Jhoana. Jhoana Fort."
"Très bien très bien... Moi c'est G'hor, et l'autre lutin là, c'est Yusil."
"Hé ! L'autre lutin il a un nom !"
"... Je viens de dire que tu t'appelais Yusil..."
"... Ah oui... pas faux..."
Le lutin se retourna dans son hamac et fit mine de rien.
"Hum.... Bref. Comme tu l'as compris, on est des hors-la-loi."
"Vous venez d'Aapie et vous êtes entrés sur le territoire magmäarien sans aucune autorisation, ce qui fait de vous des criminels de classe A." récita Jhoana.
"Oui, et les soldats de la garde magmäarienne t'ont sans aucun doute aperçu."
"Hé ! Comment ils auraient pu la voir ? Toi même tu t'en es même pas rendu compte !" objecta Yusil.
"Justement. Elle était accroché à mon pantalon, dérrière moi, donc c'est elle qu'ils ont vu en premier."
"Ah oui... pas faux..."
"Donc, à présent, et sans aucun doute, ils t'ont vu avec nous, des criminels de classe A et..."
"OH NON ! Soupconnée de complicité avec des criminels de classe A... ça fait de moi une criminelle de classe B !" s'exclama Jhoana en prenant conscience de la gravité de la situation. "Qu'est-ce que je vais devenir ?"
"Eh ben ma poule, va falloir que tu nous accompagnes jusqu'à Sto'Tiel." répondit Yusil.
Soudain, dans un éclair de lucidité, G'hor lança un grand "Eeeh meeeerde !" avant de tirer une tronche d'enterrement pas possible en se rendant compte de la bourde qu'il avait commise.
"Quoi quoi quoi ?" questionna Yusil.
"Sto'tiel... c'est de l'autre côté."
"Hein ?"
"Je suis parti vers l'Ouest... vers le Coupe-Gorge."
"Ho naaaan..."
"Comment ? Le Coupe-Gorge !? Ce lieu plein de vices et de... et de... et d'assassins !" s'indigna la jeune fille.
"Et de voleurs." complèta le géant.
"Oui mais je m'inquiète plus des assassins !"
"Boh, avec moi, vous ne risquez rien."
Jhoana réalisa, qu'en effet, elle avait moins de chance de se faire tuer et piller accompagnée par un géant de quatre mètres de haut.
"De toute façon, la question ne se pose pas..."

-Interlude musical-
La question ne se pose paaaaaas
La question ne se pose paaaaaas
La question ne se pose paaaaaas

Je f'sais réchauffer des paupiettes
De veau, quand j'ai senti la mitraillette
Bang Bang, dont tu me menaçais fillette
Bang bang, en me disant : "T'es sous ma loi"
Ah ah ah ah !
Et je suis resté coi
Et je suis resté coi
La question ne se pose paaaaaas

Copyright : Boby Lapointe
-Fin de l'Interlude musical-

"Il n'y aucune raison de passer par le Coupe-Gorge puisque nous devons aller à l'Est."
"Ah oui, pas faux..."
"Et c'est tant mieux !"
"C'est juste que ça me fait chier à mort de devoir faire tout le chemin inverse." explicita le gigantisime. "Et puis je me sens TRES à l'étroit, ici..."
Il lâcha un soupir avant de ramper vers la sortie de la grotte.
Il ne fut même pas étonné de voir passer un mouton.

"J'aime pas les plaines." résuma philosophiquement G'hor tout ce qu'il pensait sur lesdites plaines.
"Pourquooooi ?" demanda Jhoana.
"Parce que c'est tout plat et qu'on peut facilement me voir arriver de loin."
"On te voit toujours arriver de loin de toute façon." intervint Yusil.
"Oui, mais plus que d'habitude."
"Le côté positif, c'est que tu vois aussi les gens arriver de loin."
"T'es maline toi dis donc..." complimenta G'hor en offrant un petit sourire à la jeune fille. Sourire qu'elle ne pouvait pas voir, vu qu'elle s'était assise sur son épaule. Mais c'était pour le principe.
Le chemin était long, et au bout de quelques minutes, devint très silencieux. Jhoana venait de s'endormir sur l'épaule de son porteur, et Yusil faisait la tête à G'hor. A cause de la chemise. Le géant avait un peu de mal à supporter ça. En plus, il devait éviter de donner des coups de pieds dans les arbres. Il pourrait en déraciner quelques uns. Et il ne devait pas suivre les chemins, ça le conduirait près d'un village, et il ne tenait pas à être vu. Ironique, pour un géant. Heureusement, il avait avec lui sa fière et fidèle boussole, qui lui indiquait toujours avec exactitude où était l'Est. Et il avait l'étrange impression qu'il voyait toujours un troupeau de mouton, au loin, dans son champ de vision. Il ne cherchait pas à comprendre. Depuis qu'il était arrivé sur les Terres Primitives, il avait arrêté de chercher à comprendre...

#003

Chapitre Deuxième : Dankur, cité des cités, où tout commença et où tout a toujours commencé

Dankur, cité des cités, capitale du monde. La ville la plus vaste, la plus riche, et la plus magique de tout Magmäar, et même, dit-on, du Monde entier. Tout particulièrement, elle est célèbre pour ses grandes Guildes de Mages, et ses grandes Guildes de plein d'autres choses d'ailleurs. La seule ville qui puisse rivaliser avec elle sur tout le territoire magmäarien est sans conteste Sto'Tiel. Même si Dankur est officiellement la capitale politique où siège le gouverneur, il est admis que la grande cité de Sto'Tiel a une grande influence sur toutes les décisions politiques du pays.

Notre histoire commence à Dankur. La ville a toujours été plus ou moins bruyante, cela est du au nombre important de personnes qui la peuple. Les dankriens vivent généralement le jour, mais une grande part de la population se lève quand le soleil se couche. La ville est donc toujours en activité.
Mais aujourd'hui, il y avait une foule anormalement louche devant l'Arche d'Azreth, ce grand monument qui, selon la légende, aurait accueillit le grand héros d'il y a cinq cent quatre vingt dix huit ans. Cette foule anormalement louche était composée d'une masse de gens regroupés autour d'un homme grand, très grand. A vrai dire, il dépassait la plupart des bâtiment et arrivait à peu près à la moitié de la taille de l'Arche. Moitié de huit, donc quatre. Logiquement.
La raison de cet inhabituel attroupement inhabituel provenait justement de cet homme immense -aussi fringué d'une façon des plus étranges. En effet, il devait être en train de faire subir sa colère à... quelqu'un, car nombres d'éclats de voix s'élevaient à sa hauteur. Très haut, d'ailleurs. Seulement, la personne contre qui il s'énervait était difficile à cerner. Peut-être à cause de ses pauvres cent quarante et quatre centimètres ? Quoi qu'il en soit, c'était un lutin. Pouvait en témoigner ses élégantes oreilles en pointe vers le bas.
Si vous n'aviez pas raté le début de l'engueulade, vous auriez eut droit à ça :
"Han ! Je le savais bien qu'on était perdus ! Ca fait trois fois qu'on repasse sous cette arche !" aurait gueulé le lutin.
"Mais non enfin... Et tais-toi un peu, tout le monde te regarde." aurait répondu l'homme d'une voix calme et posée. On pouvait supposer qu'il chuchotait, car s'il avait crié, il en aurait fait trembler les murs. Or, ce n'était pas le cas.
"Comment ça ? C'est toi qu'on regarde, bougre d'andouille !" aurait renchéri le lutin.
"Oui, mais tu attires encore plus l'attention sur moi avec tes jérémiades." aurait ajouté le géant.
"QUOI ? Ca va être ma faute maintenant ?"
"Je te rappelle qu'on était sensés rester discret !" aurait ajouté le gigantisime en haussant légèrement le ton.
"C'est toi qui parle d'être discret ? HA HA ! Et tu comptes te cacher comment avec tes quatre mètres môôôsieur ?"
"Je comptais justement sur ton silence !" aurait-il ajouté avant de s'arrêter net devant l'Arche d'Azreth.
L'homme fixa le lutin... ou du moins, fixa quelque chose en direction du bas, à peu près dans la direction du lutin, puis, tout à fait naturellement, se mit à faire craquer ses doigts un à un.
Ecoutez... vous aussi vous les entendez ces craquements qui résonnent dans le quartier touristique de Dankur ? Personne ne peut ne pas les entendre. Sauf un sourd, peut-être, et encore...
L'homme, qui soit dit en passant s'appelait G'hor Feor Dor'de Batang, s'accroupit, provoquant un large mouvement de foule qui évitait par tous les moyens de ne pas se faire écraser par une fesse géante, et attrapa le lutin à deux doigts par le col. Coincé entre le pouce et l'index, le lutin, qui s'appelait par ailleurs Yusil Bsol-Ilon de Moarana de Silsina de Korpot de Bylisp de Aapie, se débattait comme il le pouvait pour échapper à l'étreinte de G'hor. Surtout qu'il était en train de déformer sa chemise, et que ça, non mais oh, il n'allait pas lui pardonner.
Après une rageuse bataille entre un lutin et une main de géant, Yusil se retrouva K.O. après s'être pris une petite baffe toute gentille.
A la suite de tout ça, le gigantisime grimpa sur la pointe des pieds, et dans un effort surhumain, réussit à hisser le lutin au sommet de l'Arche d'Azreth.

Un peu plus loin dans Dankur, dans le quartier des Tours, un peu plus à l'est et au sud de la scène précédente, rencontrons la jeune Jhoana Fort. Elle gambadait joyeusement dans les ruelles sombres, évitant soigneusement de marcher des les immondes flaques d'eau croupie qui stagnait là depuis... hum... longtemps... très longtemps... trop longtemps, même. Ceci dit, Jhoana, elle, se contre-foutait de l'âge des flaques d'eau et continuait son chemin, évitant avec une chance si peu commune que c'en était hallucinant tous les divers pièges et autres attaques nocturnes -certes, il faisait jour, mais le quartier des Tours était toujours sombres, à cause, justement, des hautes tours- visant sa personne pour la dépouiller de ses biens, et si nécessaire, de sa vie.
Quelques mètres plus loin, retrouvant la lumière rayonante du jour dans le quartier des Joalliers, Jhoana décida d'aller faire un tour un peu plus à l'ouest et au nord de Dankur. Elle connaissait un fameux restaurant où ils servaient un excellent paté d'alligator.

Le grand G'hor avait finit par jeter l'éponge. Elle était bien trop petite, et toute mouillée de toute façon, et ça ne lui servait en vérité à rien. Adossé à l'Arche d'Azreth, il se désespérait à trouver une solution pour faire descendre cet empoté de Yusil. C'est qu'il avait le vertige le bougre, et qu'il n'arrivait pas à l'attraper pour le faire descendre. Et bien sûr, il ne voulait pas sauter. Face à un tel conflit, G'hor allait faire ce qu'il savait le mieux faire : attendre. Oui, car les géants ont une patience phénoménale en vérité. Enfin, c'est ce qu'on raconte.
Passait par là, comme de par hasard, la jeune Jhoana, qui gambadait joyeusement sous l'Arche, et qui s'arrêta net en aperçevant ce gigantisime homme. Tout porte à croire qu'elle était véritablement et définitivement interloquée par une telle carure. G'hor ne la vit même pas. Il n'allait pas faire attention à tous les passants qui s'arrêtaient pour le mirer. Cependant, son regard fut attiré par une étrange bestiole qui passait sous l'Arche d'Azreth. Un mouton. Il ne chercha pas à comprendre. Dankur était LA cité de la magie, alors bon, les choses étranges devaient courrir les rues. Mais il fallait dire que ce mouton était une sorte de sauveur. Sans ce mouton salavateur, G'hor n'aurait sans doute pas aperçu ces gardes qui courraient, courraient, courraient... vers lui, sans aucun doute. Ni une, ni deux, ni même trois d'ailleurs, il se redressa, fauchant au passage la jeune fille qui l'observait. Il se dressa sur la pointe des pieds et tenta d'atteindr ele haut de l'Arche.
"Yuyu ! Yuyu !"
"M'appelle pas COMME CA !"
"Yusil ! Je crois que la garde rapplique !"
"Comme ça "tu crois" ? T'es même pas sûr ?"
"Ben, je sais pas, mais faudrait peut-être se bouger l'cul au cas où."
"Pas faux pas faux mais bon moi je saute pas !"
"Bon, alors, Yuyu, c'est simple..."
"Ne m'appelle pas comme ça !"
"Ou tu descends, ou je te descends, compris ?"
"Ouais ouais... bon... tend ta main..."
Le gigantisime s'éxécuta, avant de se rappeler qu'il avait encore beaucoup de chose à vivre. Il leva sa main le plus haut possible pour permettre au lutin de se glisser dessus. Ce qui ne fut pas chose aisée. Mais un petit coup de pouce de G'hor aida Yusil à descendre plus vite que prévu.
Il arriva sans encombre sur le sol, enfin, peut-être un peu étourdi, mais il tenait debout. C'est à ce moment là que la garde s'est retrouvée bloquée par toute une troupe de moutons. Un des hommes pointa le lutin en gueulant quelque chose que l'on aurait pu traduire par "LE VOILAAAA !" s'il les moutons ne bêlaient pas trop fort. Ni une, ni deux, ni trois et ni même quatre, G'hor s'empara de Yusil et partit à travers la ville à grandes, immenses enjambées, tentant par moults efforts de n'écraser personne au passage. Il traversa Dankur en quelques minutes à peine, alors qu'il faut au moins une heure pour une personne normale, et en courant.

C'est n'est qu'une fois sorti de la ville, et trois kilomètres plus loin que G'hor se rendit compte que la jeune Jhoana s'était accrochée à son pantalon.